The girl who seemed unbreakable, eventually she broke.
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Casque retiré, micros débranchés, Haley pose ses deux mains sur la grande table qui se trouve face à elle, et enfin, elle souffle alors que ses collègues quittent un à un  le plateau, puis le studio. Elle fait tapoter ses doigts sur le bois du meuble, alors qu'elle constate qu'elle constate que dans le couloirs qu'elle peut apercevoir de sa place, les lumières sont éteintes. Évidemment, les gens ont une vie après le boulot, se dit-elle. Ils ont des enfants, des conjoints et autre proches à rejoindre, quelqu'un qui saura les accueillir après une dure journée, quelqu'un avec qui partager partager un repas, ou une quelconque anecdote. Elle joint ses deux mains et se lève, laissant à son tour sa chaise fantôme. Elle réunit la paperasse éparpillée sur la table, paperasse qu'elle enfouit dans son sac à main, avant de porter se dernier à son épaule, et de quitter les lieux. Alors qu'elle passe la grande porte du hall de l'immeuble, elle songe à rentrer dans son nouveau chez elle, et faire ce qu'elle ne trouve jamais le temps de faire ; déballer ses cartons. L'heure qu'affiche son portable l'en dissuade, elle grimace, ça ne sera pas pour cette fois-ci non plus. Il va être vingt heures, et sa seule envie à ce moment est très claire, ne rien faire. Du moins rien qui ne lui demande un effort ou une concentration particulière. Elle ne prend d'ailleurs même pas la direction de son domicile, rien ne l'y attend si ce n'est son ordinateur, la télévision, et une bouteille de vin blanc ; qui lui servirait probablement de dîner accompagnée d'un pot de crème glacée. Un cliché qui devient réalité lorsqu'on en vient à la demoiselle. Elle marche donc sans réel goal, sans vraiment savoir où elle va, regardant autour d'elle, elle redécouvre les lieux qu'elle a quitté sept ans auparavant. Écouteurs dans  les oreilles, elle se perd dans ses pensées, alors que ces dernières coïncident avec des paroles de chanson,  At this point in my life, i've done so many things wrong, i don't know if i can do right but you're trusting me, hope I won't let you down. Forgive me chance, i'll try. Elle sourit faiblement quand elle remarque les décorations qui ornent les rues de la ville, elle en a presque oublié que les fêtes de fin d'année approchent à grand pas. Une période que comme bon nombre de gens elle a chéri pendant un moment, avant que son engouement pour elles ne soit entaché par les épreuves de la vie. Si jeune et pourtant si âgée. Son sourire disparaît presque instantanément, elle tombe sur un panneau qui indique la base de Sprinvale. Elle n'y est retournée qu'une fois depuis son retour, pour rendre hommage aux soldats décédés, et en particulier à son défunt père, malgré qu'elle ait questionné la légitimité de sa place dans ce cimetière, sans jamais oser s'exprimer dessus. Une puis plusieurs gouttes d'eau se font ressentir, ce qui la pousse à trouver un abri. Elle entre sans réfléchir dans un bar, s'apprêtant à faire claquer ses talons sur le sol en direction du comptoir, mais, elle se stoppe dans sa lancée, alertée par une impression de déjà vu. Oui, elle connaît cet endroit, elle n'a pas pris la peine d'en regarder le nom dans la précipitation, mais ses certitudes se concernent au fur et à mesure que les secondes passent. Il lui rappelle des souvenirs qu'elle croyait enfouis  assez loin pour qu'elle n'ait pas à y repenser. Dix ans en arrière, elle se revoit ici-même en compagnie de Wilson, complices comme jamais, le genre de couple qui aurait fait revoir ses priorités à un célibataire endurci. Wilson. Elle s'approche lentement du comptoir, trop lentement, presque à reculons, c'est bien lui. De dos il est, mais même après tant d'années, elle aurait pu le reconnaître parmi mille. La scène par contre, lui paraît surréaliste. S'arrêtant juste derrière lui, elle reste immobile, parce que ses sens ne répondent plus, ses pieds refusent de faire un pas de plus et de la même manière ses lèvres l'empêchent de parler. Si un tel scénario lui a traversé l'esprit en revenant, elle n'a pas pensé qu'il pourrait réellement se produire. Quelles en étaient les chances ? A Portland, de surcroît. Si ses jambes acceptaient de se mettre en mouvement, elle ferait certainement demi-tour et prétendrait ne pas l'avoir vu, elle est devenue une experte en l'art de dissimuler ses sentiments avec le temps, mais le fait qu'il n'en n'est rien. Le cœur battant plus que la normale, elle s'avance enfin, son cerveau ayant décidé de se remettre au travail. Désormais à sa hauteur, elle a la confirmation non nécessaire que c'est bien lui. « On ne change pas les vieilles habitudes à ce que je vois. » Ton neutre et assez contrôlé, elle se gifle pourtant mentalement pour avoir ouvert la bouche. Well done Haley.