•we say goodbye in the pouring rain.
▬ il a arrêté de fumer il y a 5 ans, difficilement mais sûrement. Aujourd'hui, il est plutôt rare de le voir une cigarette aux lèvres, mais encore plus rare de le savoir sans paquet dans la poche arrière de son pantalon.
▬ il se passe souvent la main dans sa tignasse indomptable - il ne va jamais chez le coiffeur, estimant que c'est là une perte de temps incroyable et qu'il, nous le citons, n'a pas besoin de pareils soins.
▬ il joue du piano et aurait même pu en faire son métier s'il l'avait voulu - il avait même été repéré par un grand producteur - sauf qu'il ne pouvait concevoir son passe-temps préféré et cet art qui l'apaisait tant comme un moyen de subvenir à ses besoins.
▬ il a une bibliothèque de fou, ayant lu chaque oeuvre très souvent même deux fois.
▬ s'il sait écouter, il est plutôt rare - voire même jamais - qu'il se confie à qui que ce soit, très difficilement même avec ses amis proches.
▬ il n'a jamais aimé qu'une seule femme, celle qui lui donna le rôle le plus difficile et le plus merveilleux qu'un homme puisse avoir : père. A présent, il est simplement persuadé qu'il n'aimera plus jamais.
▬ hyper-protecteur, il a tendance à être sur le dos de son fils presque en permanence, craignant de le voir faire "les mêmes conneries que lui quand il était jeune". Faut dire qu'à 17 ans, il venait de rencontrer Elise et qu'un an après, Noah naissait.
▬ s'il n'est jamais allé sur le terrain et ne peut explicitement parler de l'horreur dont sont témoins ses patients, il a souvent l'impression d'être l'un d'entre eux.
▬ incapable de cuisiner quoique ce soit, il est un grand adepte des plats réchauffés et préparés... au grand dam de son fils.
▬ il a un tatouage à l'intérieur du poignet gauche qu'il cache par sa montre. Il ne dira jamais ce qu'il signifie.

• and i break down as you walk away.
Avait-il le droit d'exposer son avis sur la question ? Avait-il le droit d'exprimer son ressenti sur la question ? Pouvait-il concrètement dire que la guerre - toutes les guerres possibles, mais celle de l'Irak plus précisément - l'avait influencée et affectée comme n'importe lequel de ces soldats qu'il recevait dans son bureau presque chaque jour ? Pouvait-il se permettre de dire "la guerre, y a rien de plus terrible" ? Pouvait-il dire qu'elle poussait l'homme à commettre les pires horreurs qu'on puisse imaginer, et même celles que l'on ne pourrait jamais imaginer ? Il en doutait. Pourtant, cette dernière lui avait fait perdre beaucoup, si ce n'était plus que certains soldats sur le terrain. Il les écoutait parler, chaque jour, chaque heure. Il écoutait leurs récits, leurs déboires, leurs cauchemars, leurs craintes, leurs peurs, leurs espoirs d’antan qui avaient disparu suite à ce qu'ils avaient pu voir. Il se devait de les écouter et de les épauler. De les accompagner. Mais qui l'accompagnait lui ? Qui l'écoutait ? Qui l'épaulait ? Oui, il avait le sens de la vue. Il n'avait pas perdu d'oeil, de jambe, de bras, de main ou n'importe quel autre membre de son corps. Il respirait, marchait, ressentait. Il se levait chaque matin, prenait son petit déjeuner et se préparait pour aller bosser. Comme tout le monde.

Sauf qu'elle n'était plus là.

Et depuis, plus rien n'avait de réelle saveur. Plus rien n'avait de véritable sens. Plus rien ne semblait en valoir la peine. Plus rien n'était à sa place. Plus rien ne semblait en valoir la peine. Excepté son fils, Noah. C'était pour lui qu'il se levait, pour lui qu'il se préparait, pour lui qu'il se battait. Sinon, il y a bien longtemps que la guerre l'aurait emporté lui aussi. Quand elle vous prend la personne que vous aimiez le plus au monde, elle ne vous pardonne pas et ne vous laisse pas moins de répit que si vous étiez sur le champ de bataille.

• 'cause all my life, i felt this way.
" Je vais être papa. Vous allez être grands-parents. " C'était annoncé. C'était sorti. C'était sans doute les deux phrases les plus longues et les plus difficiles qu'il pourrait prononcer de toute sa vie. Il n'avait jamais eu le coeur au bord des lèvres à ce point. Il n'avait jamais autant appréhendé la réaction de ses parents. Il n'avait jamais autant craint les conséquences de ses actes, et ce même si la nouvelle en elle-même l'avait ravi au plus haut point. Quoi de plus naturel quand on avait rencontré une personne qui nous faisait se sentir vivant, heureux et qui vous donnait envie de donner le meilleur de vous-même ? Quoi de plus naturel, et ce même si on avait à peine 17 ans ? Il avait été élevé dans une famille ouverte d'esprit et qui lui avait appris à vivre au jour le jour, sans trop se poser de questions et profiter de ce que la vie justement vous imposait et proposait. Malgré tout, il se doutait bien que jamais dans leur parcours et dans leurs discours ils se seraient imaginés grands-parents si jeunes. Ils l'avaient regardé sans rien dire pendant plusieurs minutes - il avait regardé l'horloge, et bon sang ce fut les sept minutes trente quatre les plus longues de sa vie. " D'accord. C'est quoi le plan maintenant ? " que son père avait fini par dire en posant sa main sur l'épaule de sa femme. Ses parents étaient certainement le meilleur des exemples pour Aiden. Son père, historien et archéologue à ses heures perdues - il répétait sans cesse à quel point il regrettait de ne pas avoir suivi son instinct et être parti en Egypte lorsque l'occasion s'était présentée - était un grand rêveur et philosophait beaucoup quand il vous parlait. Sa mère, plus calme, plus posée et plus terre-à-terre, avait suivi le chemin de la médecine - à quelques décisions près, elle se serait engagée dans l'armée tout comme son défunt père. Ils s'étaient rencontrés, ils s'étaient aimés, ils avaient vécu, ils s'étaient mariés, ils avaient eu leurs enfants et avaient bien l'intention de continuer leur vie ainsi. " Le plan ? " " Hé bien oui, tu ne crois tout de même pas qu'on va tout payer. Participer, je dis pas. Mais va falloir te bouger les fesses à présent, " qu'il s'était exclamé en se tournant vers sa femme. " Ne vous en faites pas pour ça... " Il avait déjà trouvé du travail au sein de la bibliothèque de Sprinvale, job qu'il complétait dans un hôtel la nuit. Il avait bien l'intention d'assumer ses responsabilités et d'en demander le moins possible - si ce n'était rien - à ses parents, ou même à la mère d'Elise. Par chance, cela ne freinait en rien son désir à elle de s'engager dans l'armée. Agée de 16 ans, elle comptait bien accomplir ses rêves et pour en avoir discuté avec Aiden, jamais ils ne s'empêcheraient de les concrétiser.

Ainsi, elle entrerait dans l'armée. Il reprendrait ses études au moment venu. Ils élèveraient leur fils - ou leur fille - dans les meilleures conditions possibles. Ils y parviendraient haut la main, tout simplement parce qu'ils s'aimaient.

***

" Tout ce que vous pourrez dire ici, tout ce que vous pourrez me confier restera entre ces quatre murs. Vous avez ma parole. " Il le répétait tellement de fois, à tellement de personnes différentes. Si pour certains cela aurait pu devenir agaçant et éreintant, pour lui c'était un besoin vital que de rassurer ses patients. De les mettre en confiance. Leur faire comprendre qu'ici, ils n'avaient rien à cacher, pas même leurs plus sombres secrets. C'était important qu'ils se sentent bien, qu'ils se sentent à l'aise et qu'ils sachent qu'il existait encore un endroit où ils pouvaient être eux-mêmes. Car la plupart n'osaient plus être eux-mêmes quand ils sortaient de cette pièce pour retrouver leurs proches. La plupart posait le masque de l'illusion dès le pas de la porte franchi. Ils ne pouvaient pas se permettre de laisser transparaitre leurs troubles - et faisaient du mieux qu'ils pouvaient pour ne rien laisser voir. Bien sûr, beaucoup avaient plus de difficultés et devaient venir le voir plus souvent. Ils n'avaient pas la chance de sortir pour rentrer chez eux auprès de leurs femmes, de leurs maris et de leurs enfants. Ils étaient trop abîmés, trop meurtris par la guerre et ce qu'elle leur avait fait vivre. " Je ne peux pas... je n'y arrive pas... Je... " Il secouait tellement sa jambe que la pièce semblait tremblée de toute part. Il triturait ses doigts comme s'il cherchait un moyen irrépressible de s'échapper. De tout quitter. De ne pas craquer. " Je ne vous force à rien, Josh. Vous pouvez prendre le temps qu'il faut pour vous relaxer. Pour respirer. Pour parler. " Il ne les pressait jamais et ne les obligeait jamais à faire ou dire ce qu'ils n'étaient pas prêts à faire ou à dire. Si Josh avait besoin de dix séances avant de pouvoir comprendre qu'il pouvait parler sans être jugé, sans être craint, sans s'effondrer. Il attendrait les dix séances. Il était devenu psychologue car il aimait écouter, il aimait aider, et bon sang il ne savait rien faire de mieux que ça.

***

" Je suis sincèrement désolé. Je vous présente toutes nos condoléances. " Je vous présente toutes nos condoléances. Je vous présente toutes nos condoléances. Je vous présente toutes nos condoléances. Je vous présente toutes nos condoléances. Il se le répétait dans sa tête tandis que le soldat tournait les talons pour repartir d'où il était venu. S'était-il habillé exprès pour l'occasion ? S'était préparé en pensant à comment il viendrait lui annoncer cette terrible nouvelle ? Aiden l'ignorait et ignorait d'autant plus le pourquoi il se posait la question à cet instant. On venait de lui annoncer la mort de sa femme. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils avaient beau être conscients des divers risques qu'elle encouraient quand elle partait, ils n'avaient jamais réellement craint pour sa vie. Ils n'avaient jamais réellement pensé à "et si je ne reviens pas". Aujourd'hui, il y avait Noah. Noah et ses 17 ans, bientôt 18. Noah et sa crise d'adolescent. Et il y avait lui. Lui. Comment était-il supposé réagir déjà ? Ah oui, fermer la porte. Retourner au salon. Se poser. Réfléchir. Assimiler. Comprendre. Réaliser. Subir. Pleurer. Avoir mal. Organiser. Etre fort. Accepter. Maudire. Sombrer. Remonter. Vaincre.

" P'pa ? " Il releva la tête et sans doute n'avait-il pas eu le temps de se préparer mentalement pour parler à son fils. Sans doute était-il trop bouleversé pour cacher ce qui venait d'arriver. Sans doute lisait-on en lui comme dans un livre ouvert. Mais le visage de son fils devint blême et leurs regards - pendant quelques secondes connectés - disait tout. Ils restèrent ainsi face-à-face sans bouger et sans parler pendant quelques secondes, quelques minutes, quelques heures. Jusqu'à ce que la réalité fasse son petit chemin dans leurs têtes et dans leurs coeurs.

***

" Vous êtes certains de pouvoir reprendre vos fonctions ? Cela ne fait jamais qu'un mois que... " " J'en suis certain, " l'interrompit-il. " Travailler est ce qu'il me reste de mieux à faire pour me remettre d'à-plomb. Croyez-moi, " ajouta-t-il. Un mois depuis l'enterrement. Un mois de conneries faites et d'erreurs commises. Un mois à se morfondre et à perdre la tête. Un mois à s'éloigner de son fils ou de trop se rapprocher, il l'ignorait. Un mois que sa vie n'avait plus de sens et s'écroulait. Il était temps de se bouger. De remonter la pente. De se donner un coup de pieds aux fesses avant d'atteindre le point de non retour. Car si son coeur saignait et qu'il ne ressentait pas l'envie de survivre, il n'avait pas envie de baisser les bras pour autant - jamais elle ne l'aurait voulue.




•but i could never find the words to say.
PRÉNOM/PSEUDO: noémie. ★ AGE: ★ 26-27.  GROUPE: tears of the sun. ★ TES IMPRESSIONS: le forum est superbe et m'a inspiré.  ★ OU AS-TU TROUVE LE FORUM: bazzart. ★ AVATAR:  tom hiddleston. ★ AUTRE: je termine au plus vite pour vous rejoindre *-*