~ no feelings, no pain.
It's too cold outside for angels to fly.

Certains reviennent, d’autres pas. C’est ainsi que les choses se sont toujours passées et continueront de se dérouler sans que personne ne puisse faire quoi que ce soit. Il y a des images terribles qui leur reviendront en tête, des blessures qui leur empêcheront d’oublier, des cicatrices que personne ne comprendra. Dans un sens, c’est surement mieux comme ça. Vivre dans sa bulle, empêcher les autres d’entendre ces cris qui se répètent trop souvent, ces larmes coulant sans arrêt sur les joues des civils et la peur dans le ventre de ne jamais pouvoir revoir sa femme et ses enfants.
La guerre est terminée depuis trois mois maintenant. Tous ces hommes et ces femmes qui ont servi leur pays ont pu rentrer chez eux, retrouver leur famille ou bien leur solitude. Une chose est sûre, ils ne seront plus jamais les mêmes.
Il n’y pas une question que l’on ne se pose pas. Par exemple : est-ce que je rentrerais chez moi en un seul morceau ? Est-ce que ma femme sera encore là quand je foutrais les pieds dans la maison ? Est-ce que mes propres enfants pourront me reconnaître et surtout, qu’est-ce que je ferais une fois que ce sera terminé ? Au début, je pensais que ce n’était que moi. On est un seul quand on fait la guerre, seul face à d’autres qui sont prêts à vous massacrer pour une histoire de victoire. C’est drôle, mais dans des instants pareils, ce ne sont pas des moments de nos vies qui passent devant nos yeux mais tous ceux que l’on ne pourra peut-être pas vivre. La graduation de nos enfants, les naissances à venir, quelques sourires perdus au milieu d’une conversation, … Puis au final, on se retrouve chez nous. Les personnes que l’on connaissait ne sont plus capables de nous comprendre désormais. Elles ne le disent pas, bien sûr. On le lie dans leurs yeux. Parfois, même, c’est écrit sur leurs fronts que nous ne sommes plus que des étrangers.

William O'Brian - soldat de marine américaine.

Il ne dort plus, ne me touche plus et ne me regarde plus non plus. Je suis incapable de ressentir quelque chose lorsqu’il est près de moi. Tout son être semble vide ; vide de l’homme que j’ai pourtant tant aimé autrefois. Je crains que la guerre ne l’ait tué de l’intérieur, que cette belle image que j’avais de lieu s’est retirée dans des lieux lointains. Mais je reste à ses côtés car je sais très bien qu’il aura besoin de moi une fois qu’il aura passé l’étape du silence et du recueillement. La conseillère me l’a dit ; elle m’a clairement expliqué que c’était une chose normale pour un soldat ayant été blessé durant un combat. Dans ces cas-là, ils se sentent inutiles, incapables d’agir pour la bonne cause et se considèrent comme des moins que rien. C’est surement cela qui se lit dans son regard. La tristesse ne pas avoir accompli son devoir alors qu’au contraire, il a presque sacrifié sa peau pour sauver les autres.

Sarah Connor - épouse d'un soldat.