•we say goodbye in the pouring rain.
01. Donna elle a pas les pieds sur terre. C'en est presque désagréable. Quand elle s'assoie dans les marches devant la maison et qu'elle pointe du doigt les étoiles en leurs donnant des noms. Le pire c'est qu'elle est sûre d'elle, qu'elle persiste à croire que les gens meurent puis s'en vont, marchent un peu, et finalement décident d'allumer une nouvelle étoile. Si elle pouvait, elle les conterait, et parfois même, elle se met à leurs parler. Elle leurs raconte le monde. La politique, la guerre, la crise, la vie, les gens. Des fois, elle rit toute seule, et quand on le lui fait remarquer, elle rit de plus belle. Donna, elle vit dans ses peinture, cachée derrière des couches de gouache, au milieu de tout un tas de couleurs. Elle à des rêves, tellement même. Elle dit que rien n'est impossible, et quand elle échoue, elle hausse les épaules. tant pis. Donna ici, elle a pas vraiment sa place. Pas assez exubérante. Une ombre, un visage qu'on croise sans trop s'attarder. 02. Donna, elle ne s'est jamais imaginée princesse. Pourtant, le jour où elle a rencontré Adam, elle s'est retrouvé fragile. C'était un prince, elle en avait la certitude. Il la regardait comme personne ne l'avait fait au par avant. Et quand elle se réveillait la nuit à ses cotés, elle aimait s'imaginer le temps arrêté, dessiner son visage, caresser les contours de son menton, passer l'éternité avec lui. Elle l'aimait. Pire que ça. Sans lui, sa vie n'avait pas vraiment de sens. En fait, elle n'avait pas de sens du tout. Alors quand il est partit à la guerre, le temps s'est arrêté. Comme figé. De nombreuses fois, elle a dessiné son visage, pour se persuader qu'elle ne l'oubliait pas. Avec le temps, les contours sont devenus plus flous. Pourtant, elle a refusé de changer les meubles de places à la maison. Les murs n'ont pas bougé. Garder les choses intacts, c'est ce qu'elle répétait, obstinée. Parce que les choses n'avaient aucunes raisons de changer. Mais Adam est rentré, différent, abîmé. Et finalement, les choses se sont mises à changer. 03. Donna elle peint. Jamais des paysages, seulement des visages. Les gens sont beaux, surtout les échoués, les gens brisés. En fait, depuis toute petite elle dessine des gens. Enfant, elle donnait des visages aux amis qu'elle s'imaginait. Ils étaient beaux, toujours. Avec le temps, elle a finit par dessiner des vrais gens, des visages croisés par hasards, des souvenirs qu'elle refusait de laisser s'en aller. Mais c'était toujours trop flou, trop abstrait. Alors elle a choisit des modèles, des gens parmi tant d'autres qui lui semblaient plus beaux. Elle gagne sa vie en peignant des visages. C'est pas très rentable. En fait, c'est même pas rentable du tout. Donna ça lui importe peu. 04. Donna, elle sait pas trop comment faire avec les gens. Elle connais des gens sans jamais s'attarder, elle sait pas quelles questions poser, et comment les rattraper quand ils s'en vont. Elle a jamais trop su faire. Un psychologue avisé attribuerait la faute a cette mère un peu distante qui piétinait ses relations avec les gens avec une habilité rare. Elle était croyante, un peu trop même, et la moindre imperfection la rendait froide, distante. Une femme solitaire, mariée à un homme bon mais qui fuyait le domicile familiale en travaillant. Un peu trop. Donna, elle a jamais appris. Pourtant, c'est quelqu'un de bon. Une de ces poupées qui rit sans s'inquiéter du regards des gens. Elle aime courir pieds nus dans l'herbe, elle pleurs devant les films d'amour, et elle a cette drôle de maladresse. Elle est touchante, un peu fragile. Ca la rend belle. Donna, elle est un peu a part. Un peu différente surement. 05. Donna, elle boit rarement, ou alors très peu. Elle fumait pas non plus avant, parce qu'elle c'était juré que tomber là dedans, c'était faire acte de faiblesse. Et elle refusait d'être faible. Mais quand Adam est rentré, elle s'est retrouvé seule, dépourvue, d'une infinie fragilité. Il la regardait plus, c'est a peine si il lui parlait. Alors la première fois, elle est rentré dans le bureau de tabac en hésitant, et est ressortit les mains vide. Elle s'est convaincu que ça allait passer, elle a sourit, elle a même fait l'effort de cuisiner pour lui. Parce qu'elle aimait le Adam vivant, mais celui que la guerre lui rendait était mort. Mort et froid. Sa mère lui murmurait de prier pour qu'elle retrouve son mari. Donna parlait la nuit a quiconque voudrait bientôt l’écouter. Mais ce soir là, il est pas rentré. Adam ne rentre plus. Avant, Adam sentait le poivre, et la terre. c'est idiot. Aujourd'hui, il sent juste l'alcool et la sueur. Alors depuis qu'Adam est rentré, Donna elle aime s'asseoir dans l'herbe du jardin, une cigarette entre les lèvres. Elle c'était juré de garder les choses intacts, mais a quoi bon. Les choses sont faites pour être changées. C'est l'histoire que beaucoup de gens racontent. 06. Donna, elle aime la musique. Avant, elle aimait brancher son I-pod sur les enceinte du salon, et danser pieds nus sur la moquette, s'imaginant entourée de tout un tas d'autres gens. Elle se voyait belle, tournoyant dans une sublime robe sur les notes de Prokofiev, adolescente révoltée sur ACDC. Donna aime la musique, mais seulement quand elle est seule. Une sorte de compagne, solitaire et bruyante. Un moyen de s'abandonner aux rouages du temps.

• and i break down as you walk away.
Madame la mère de Donna a toujours dit de la guerre qu'il s'agissait d'une aberration humaine allant a l'encontre de cette bonne vieille volonté divine en laquelle elle croyait temps. Une histoire de vanités, une quète de pouvoir morbide. Une peinture en noir et blanc. Le père de Donna quand à lui s'appliquait à éviter le sujet en haussant les épaules, murmurant que ça n'était pas ses histoires. L'irak c'était pas chez lui, c'était pas son problème. C'est pas la vraie vie qu'il glissait à l'oreille de Donna. Alors Donna s'est crée cette opinion révoltée selon laquelle la guerre ne valait rien, tuait des gens pour rien, brisait des vies pour des buts purement égoïstes. Et puis y a eu Adam. La guerre est restée sombre, pire, la guerre est devenue celle qui lui enlevait son mari. Elle comprenait qu'il parte, porté par un soit disant devoir patriotique. Ce qu'elle n'a jamais compris c'est l’intérêt qu'avaient les états unis d'amérique à faire tuer son mari. Qu'ils aillent se battre eux. Les dirigeants, les politiques. Qu'on sauve Adam. Et Adam a été sauvé. Ou plutôt, Adam lui a été rendu. Brisé. La guerre c'est une conne, une hypocrite qui piétine les gens. Qu'elle aille se faire foutre.

•but i could never find the words to say.
PRÉNOM/PSEUDO: V. ★ AGE: ★ vieille  GROUPE: TEARS OF THE SUN ★ TES IMPRESSIONS: y a un truc qui se dégage de votre forum, c'est assez fou. hâte de faire partie de l'aventure.  ★ OU AS-TU TROUVE LE FORUM: bazzart ★ AVATAR:  clémence poesy ★ AUTRE: ça déchire. vraiment. et si y en a parmi vous qui seraient intéressés par un lien avec Donna, hésitez surtout pas, harcelez moi  

• 'cause all my life, i felt this way.
Je vais. Je reviens. Finalement, je m'assoie. Ma mère me sourit, glissant ses longs doigts sur ma cuisse, comme pour me rassurer. Juste entre nous, de sa peau à la mienne, elle me glisse que tout ira bien. Mes doigts s'emparent des siens. Ma mère à rarement été rassurante. Elle n'a jamais été mauvaise, seulement pas toujours habile avec les sentiments. Je resserre l'étreinte. Parce que je panique, que ça me tord le ventre. C'est le vide qui s'empare de ma tête, le froid qui hérisse mon corps. Regarde moi. J'aurais du épouser un poète, une âme torturée. Je n'ai pas ma place ici. Alors comme pour me donner raison, les doigts de ma mère se détachent, et elle s'empare de son téléphone portable avant de s'éloigner dans le hall de l'aéroport. Me voilà poupée, enfant fragile, perdue. Je suis paumée. Heureuse en même temps. Le mal dans mon ventre deviendrait presque agréable. En lettres jaunes sur le panneau d'affichage, l’atterrissage est annoncé. Tout ira bien. Autour de moi, les femmes sourient en se rongeant les doigts alors que les enfants tuent l'ennui en se courant après. L'un hurle que l'autre l'a frappé. Ici, il n'y a que nous. Des familles, des amis, pas d'étrangers. Des visages connus ou reconnus, croisés le jour du départ, quelques années au par avant. Je ne devrais pas être là, pourtant je me lève, choisissant au hasard une machine à café à laquelle j'offre le peu de monnaie que je garde sur moi. Je n'ais jamais de monnaie. En fait, j'y pense jamais. Pourtant, ça sert. La machine grogne, tremble un peu. Les choses vont redevenir ce qu'elles étaient. Je m'empare du gobelet en plastique, me brûle presque les doigts. Ca sent la même odeur que sentait l'appartement quand j'étais enfant. Quand je me levais le matin, ma mère était assise à son bureau, un bol de café reposant sur les brouillons qu'elle écrivait. Elle s'imaginait romancière, persuadée qu'à elle toute seule elle pourrait changer le monde, transmettre de belles convictions, de grands idéaux. Avec ses cheveux blonds tirés autour de son visage, elle n'avait rien d'une révolutionnaire. Seulement les traits fatigués d'une femme idéaliste. Un peu folle. Alors je porte le café brûlant à mes lèvres. Mon père n'a jamais pris le temps de boire son café avec elle. Il ne prenait jamais le temps pour personne. Rêveur mais surtout dévoué, il aimait faire plaisir. Un héro mon père. Le plombier qu'on pouvait appeler au beau milieu de la nuit et qui répondait toujours présent. Parce qu'il aime aider les gens. Il a toujours aimé ça. Ca se voyait dans son sourire, et ça manière un peu pudique de me glisser à l'oreille qu'il n'en aurait pas pour longtemps. Il a toujours été là pour moi. Il a été le premier a approuver mon mariage, le seul a serrer ma main quand j'ai murmuré que celui avec lequel je voulais passer ma vie était militaire, soldat. Mort. Mon père a toujours été là, silencieusement. Sauf aujourd'hui. Quand ma mère a déclaré haut et fort que sa présence à mes côtés allait être nécessaire pour m'aider à tenir le coup, il a murmuré qu'il préférait me laisser seule. Que c'était mon moment. Il avait sans doute raison. Le liquide chaud me brûle la gorge, les gens s'agitent. Les femmes se dirigent vers la grande porte qui laissera bientôt entrer nos rescapés. Nos héros. Ma mère à quitté le hall de l'aéroport, les voix se font de moins en moins fortes. Une sorte de moment solennelle comme on en voit à la télé. La main sur le coeur, préparez vous à chanter. Le premier homme apparaît, d'une splendeur irréelle dans son habit militaire. La femme est heureuse, tombe dans ses bras, libérée. Elle est belle, presque touchante. Je recule un peu, cherchant du regard celui que j'attend depuis trop longtemps maintenant. Je me souviens de la première que je l'ai vu, la première fois qu'il a saisit ma main. Je me souviens l'odeur de sa peau, et les traits de son visage le matin. Adam est beau, Adam est grand. Le mal dans mon ventre s'accentue. Il n'est plus question de plaisir, le voilà douloureux, et je me surprend à ronger mes ongles, comme une enfant. Les femmes autour de moi, lentement je vois leurs visages qui se referment. Les sourires se fanent ou se forcent. Quelque chose cloche. J'aurais pu m'y attarder, mais à vrai dire, ça m'importe pas. Au milieu des autres, il est là. Il ressemble à mon souvenir, en plus grand peut-être. Je cherche à croiser son regard, mais je le perd. Il s'avance, mécaniquement. Je voudrais courir vers lui, comme dans les films, mais je le fais pas, incapable. Ca fait trop longtemps que j'attend ce moment. Trop longtemps que j'attends son retour, et j'ai déjà vu des centaines de fois la scène dans ma tête. J'ai vu toute sorte de choses, toute sortes de scènes. comme des peintures qu'on prend plaisir à redessiner. Mais je suis là, dénuée de tout romantisme, incapable de courir me blottir dans ses bras. Pauvre chose. Adam se fige devant moi. Je respire plus, promis. Alors je souris, et doucement pour ne pas risquer de le faire disparaître, j'approche ma main de son visage, mon index caressant délicatement sa joue. Adam ne disparaît pas. Mais Adam refuse de me regarder. Tu m'as manqué... Il lève le regard, croise le mien, s'échappe. Dis quelque chose Adam. Souris. S'il te plait, souris. La douleur dans mon ventre est vive, presque brûlante. Là au milieu du hall, j'ai l'impression que tous les regards sont posés sur nous. Sur ce visage brisé qui refuse de me regarder. Adam est cassé. Piétiné même. Et Adam a toujours été généreux. Alors il piétine notre vie. Comme ça. Comme rien.

Spoiler:

 

promis je me laisse pas influencer. Clémence m'inspire  
et j'hésiterais pas  

june & wilson, merci beaucoup  

merci à vous tous  
je ne peux qu'approuver, Clémence est superbe et mériterait d'être bien plus vue sur les forums