•we say goodbye in the pouring rain.
1. Adam, il n'a rien du prince charmant. Adam, il est cassé, brisé aussi bien intérieurement qu'extérieurement. La guerre l'a changé. L'a rendu beaucoup plus froid, plus dur. Du romantique qu'il a pu être pendant un temps, il n'en reste plus rien. Automate imparfait, coquille vide seulement guidée par des pensées éteintes, Adam n'est qu'un ex soldat qui a été renvoyé à la base alors qu'il ne pouvait plus supporter les horreurs de la guerre. Certains diront qu'il s'est blessé lui-même, d'autres diront que c'est un héros. Mais la vérité n'est qu'un flou imperturbable que lui-même n'arrive pas à gommer. Il a mis son cerveau sur pause, Adam. Un jour, il s'est dit qu'il allait arrêter de penser, qu'il allait tout arrêter, absolument tout. D'espérer, rêver, aimer, et même vivre. Il ne regarde plus l'actualité, ne suit plus les infos. La guerre ? Qu'est-ce qu'elle devient ? Il s'en fout. C'est plus son problème, qu'il dit. Qu'ils y restent tous là-bas. Qu'ils s'y enterrent, qu'ils y laissent jusqu'à leur âme. Tout comme il a pu le faire avant eux. 2. Il a été marié, Adam. Marié à la plus extraordinaire des femmes. Il l'a aimé, de tout son cœur. Il se voyait vieillir à ses côtés, avoir des enfants, construire un foyer. Mais son mariage a éclaté dès lors qu'il a remis les pieds dans leur maison. Il ne pouvait plus supporter ces murs orangés, ces pièces qui étaient restées inchangées malgré le temps passé. Alors qu'il se trouvait sur le terrain, une arme en main, le temps s'était comme arrêté chez eux. Le "chez eux", Adam, il n'a plus pu le supporter. C'était trop dur pour lui, trop compliqué d'imaginer les années gaspiller alors qu'il aurait pu vivre une vie de famille banale. Des plus normales. Donna, son ex-femme, l'a entendu. Elle lui a envoyé des lettres, des centaines de lettres. Des papiers qui désormais, ont été brûlés par les mains d'Adam. Mais elle aussi, elle a fini par partir. Sans surprise pour personne. Pas même pour Adam. Depuis, Adam n'aime plus. Il ne ressent plus rien. Il ne regarde plus femmes comme il a pu les regarder autrefois et ne reste debout qu'à cause de la béquille qui le maintient sur ses deux jambes. 3. Il boit. Boit beaucoup, sans doute trop. Il est devenu alcoolique, Adam. Il noie la nostalgie d'une vie dans la boisson. Perd les souvenirs d'un massacre dans un liquide qui brûle la gorge et qui bousille le foie. Avant de partir pour la guerre, jamais il ne s'était intéressé à ça. Un verre de vain de temps en temps, une cuite un weekend sur trois, rien de bien extraordinaire. Aujourd'hui, c'est plus fort que lui. Il a besoin de boire. Il a besoin de brouiller ses pensées, pour ne plus réfléchir. Il ne veut pas rester maître de ses mouvements, ne peut pas. Adam, il ne peut plus vivre comme tous ces inconnus autour de lui vivent. Lui, il dit être trop blessé pour se reconstruire. Pas assez fort. Si cela fait de lui un lâche, il n'en sait trop bien. Et au pire, ce qu'on pense de lui, encore une fois, il s'en fout. Il ne rend plus de compte à personne depuis bien longtemps et fait ce qu'il veut de son corps sans remords ni regret. Mesquin, grossier, jaloux, manipulateur. Il n'a plus rien de l'homme qu'il pu être autrefois. Il en garde juste le visage. 4. Alors qu'il était sur le terrain, Adam a été gravement blessé. Une embuscade, des coups de feu, et puis le trou noir. Il ne se souvient plus vraiment de l'attaque. La nuit, celle-ci lui revient par flache. Elle l'assaille sans cesse, le fait devenir pratiquement fou. On dit même qu'il est fou, Adam. Peut-être l'est-il vraiment, fou. Il rêve des massacres de la guerre, des morts, des visages apeurés et des balles volantes tout autour de lui. Il n'a jamais pu s'habituer au champ de bataille. Il voulait le quitter, mais n'a jamais rien fait pour. Jusqu'à ce jour fatidique où une grande partie de ses compagnons y laissèrent leur vie. Il n'a jamais voulu savoir par quel miracle il ne s'est pas vidé de tout son sang. Touché à plusieurs endroits, il garde encore des cicatrices sur son corps. Son dos, son ventre, cette jambe rigide qui lui rappelle sans cesse son ancien et nouveau statut. Avant soldat, désormais infirme. 5. Se reconstruire, reprendre une vie normale et tenter de vivre comme tout le monde, Adam n'y pense pas encore. Pour l'heure, il se perd entièrement dans la folie qui l'oppresse depuis son retour au pays. Il sait quoi faire pour reprendre son existence en main, il sait quoi dire pour que la femme qu'il aime lui revienne, mais pour cela, faudrait-il qu'il soit assez fort. Adam, il n'a pour l'instant pas assez de courage pour affronter ses démons. Il se dit parfois, durant quelques rares moments de lucidité, qu'il devrait arrêter de se comporter en victime et accepter la seconde chance qui lui a été donnée. Il se le dit, oui, mais pas assez longtemps pour qu'il arrive à se le rentrer en tête. Sans but ni envie, il se contente de vivre en compagnie de sa boisson, sans faire attention au monde qui l'entoure. Quitte à se tirer une balle dans la tête le jour où il ne supportera plus tout cela.

• and i break down as you walk away.
De lui-même, Adam ne serait jamais devenu militaire. Jouer les héros, sauver son pays et revenir couvert d'honneurs (s'il revenait), merci, mais non merci. Son père, un haut gradé de l'armée américaine a réussi à influencer son seul fils jusqu'à ce que celui cède à ses demandes répétées. Dans la famille, on est miliaire de père en fils. Adam a entendu cette tirade durant toute son enfance. Et comme un tapis qui se déroule pour vous indiquer le chemin, il a suivi les traces qu'on voulait qu'il suive. L'armée l'a détruit. Il ne supporte plus d'en entendre parler, refuse tout bonnement de parler de ce qu'il a pu voir là-bas. On a bien essayé de l'envoyer chez un psy, mais rien n'a jamais fait. La fin de la guerre en Irak, il en a entendu parler dans un bar, entre deux verres d’alcool fort. Et si cela l'a affecté ? Non, Adam, il n'y a fait attention qu'un nanoseconde, le temps qu'il boive une nouvelle gorgée de sa boisson. La guerre est un sujet plus que tabou pour lui. Une partie de sa vie à cacher, à enterrer.  

•but i could never find the words to say.
PRÉNOM/PSEUDO: sans pseudo fixe. ★ AGE: ★ ahah.  GROUPE: a farewell to arms. ★ TES IMPRESSIONS: très beau forum, j'aime beaucoup l'ambiance qui s'en dégage.  ★ OU AS-TU TROUVE LE FORUM: bazzart. ★ AVATAR:  jim sturgess. ★ AUTRE: je recherche tout type de lien, si jamais il y a des intéressés.  

• 'cause all my life, i felt this way.
aux encres des amours;
Le bruit du placard refermé en vitesse résonna dans l'appartement entier. L'écho s'imprégna jusque dans les murs, ne laissant sur son passage qu'un souvenir encore bien palpable. Une bouteille à peine coincée entre ses doigts, Adam la porta une nouvelle fois tout contre ses lèvres. Et il but, de cette façon grossière et grotesque dont il avait pris l'habitude de le faire depuis des jours. Il disait en avoir besoin. Il n'avait jamais dit pourquoi, n'avait donné aucun détail sur tout ce qui s'était passé durant ces dernières années, mais pour une raison qui lui était propre, l'alcool était devenu sa seule échappatoire. De là où il restait assis, il entendait distinctement les bruits de pas résonner d'un bout à l'autre de la chambre à coucher. Il devinait les gestes, les sanglots étouffés dans une gorge meurtri par les pleurs. Il imaginait aisément les mouvements esquissés par cette femme qu'il aimait encore, et qu'il aimerait certainement toujours. Et, sans surprise, il aperçut cette grosse valise posées à ses pieds alors qu'elle le rejoignait. Longtemps, l'avait trouvé belle. Il n'avait eu d'yeux que pour elle, ne regardant plus aucune autre femme de la même façon. Il n'avait jamais été du genre romantique, Adam. Il oubliait souvent de lui dire je t'aime, ne la couvrait pas de cadeaux et oubliait même de lui dire à quel point elle était ravissante dans sa nouvelle robe achetée la veille. Mais il l'aimait. Alors, quand ses yeux se posèrent sur la mine blanchâtre qu'elle affichait, ne faisant désormais plus aucun effort pour la cacher, quelque chose de nouveau se brisa en lui. « Je m'en vais. » murmura-t-elle sans oser le regarder dans les yeux, maintenant maladroitement son baluchon entre ses mains tremblantes. Adam n'esquissa pas le moindre geste. Il se contenta de la regarder, d'observer le visage fatigué qu'il ne regardait plus depuis longtemps. Leur première rencontre lui revient en tête, les mots courageux qu'elle avait prononcés d'une traite pour qu'elle puisse dessiner son portrait. Dès le premier instant, il avait su que cette petite poupée fragile changerait sa vie. C'était idiot, surtout pour l'homme qu'il était. Lui qui se détachait de tout, qui ne s'attachait jamais, venait de tomber amoureux d'une étrangère qui n'était que de passage dans sa vie. Et puis, il y avait eu le mariage. Une demande faite entre deux rayons d'un supermarché, une cérémonie faite le lendemain, rien que tous les deux. Toujours tous les deux. Il se souvenait de cette petite robe blanche qu'elle portait, ses cheveux relevés en un chignon fait à la va vite. Donna n'avait jamais été douée pour se coiffer. Ni pour s'habiller. Elle ne savait pas accorder les couleurs, et les élastiques ne tenaient jamais très longtemps en place entre ses mèches. Mais c'était sans doute toutes ces petites particularités singulières qui avaient réussi à le rendre fou d'elle. « Adam, s'il te plaît, dis quelque chose. » Sa voix se bisa dans un sanglot qu'elle ne put contrôler. Et Adam, lui, resta de nouveau de marbre. Le temps s'était comme arrêté, ne lui laissant comme spectacle que cette scène grotesque qu'il finirait par regretter un jour. Il l'aimait toujours, sa Donna. De cet amour tout aussi fort que passionnel qui les avait uni depuis la première fois. Ses sentiments toujours aussi forts pour elle, il aurait du se lever. Vider sa bouteille dans l'évier et courir jusqu'à sa femme pour la prendre dans ses bras. Et la serrer, la serrer aussi fort qu'avant. L'embrasser, l'embrasser aussi amoureusement qu'avant. Le déclic aurait du se produire à cet instant, son cerveau se remettre en marche et dans un élan téméraire, il aurait tenté de réparer les erreurs faites depuis son retour. Pourtant, il ne fit rien de tout ça. C'était à peine s'il comprenait tout ce qui était en train de se passer devant ses yeux éteints. A bout de force, Donna se retourna, fit quelques pas en direction de la porte d'entrée, mais se retourna au bout de quelques secondes de silence pesant. « Si tu me disais de rester, je.. » Sa phrase se coupa en un souffle. Je resterais. Avait-elle voulait avouer sans pouvoir le dire haute voix. Il le savait, Adam. Évidemment qu'il le savait, il la connaissait assez pour savoir qu'elle non plus, ne pouvait pas se résoudre à passer à autre chose. Ils ne pouvaient pas se désaimer. Ils ne pouvaient pas, c'était aussi simple que cela. Ils s'aimaient, et cela sûrement pour toujours. C'était ça, leur éternité à eux. C'était cet amour indestructible qu'ils avaient construit en seulement quelques jours, ne vivant pourtant ensemble que durant quelques semaines avant qu'Adam ne parte pour la guerre. Donna osa enfin le regarder dans les yeux. Leurs regards se croisèrent une bref instant avant que la jeune femme ne détourne la tête. Adam esquissa un demi-sourire. Alors c'était ça, maintenant, elle ne pouvait même plus supporter son regard. Il l'observa quitter l'appartement sans un mot de plus, il l'entendit marcher à travers le couloir, s'arrêter devant les escaliers quelques secondes, puis les descendre d'un pas hésitant. Et il ne courra pas pour la rattraper, ni pour lui dire qu'il l'aimait. Il ne fit rien, en parfait homme pantin qu'il était devenu.

Owen Hemingway a écrit:

Le tiiiiiiii(...)iiiitre   Saez quoi ! Puis c'est un peu ma chanson préférée celle-là (si c'est possible de choisir entre les chansons de Saez ...).